Le gouvernement veut introduire le délit « d’homicide routier » dans la loi française, symbole d’une répression accrue face à la conduite sous emprise d’alcool et de stupéfiants. Selon les spécialistes interrogés par « Marianne », la sémantique et les lois ne suffisent toutefois pas à avoir des effets. Leur principale solution : mettre le paquet sur les routes secondaires.
Un « délit d’homicide routier ». C’est ce qu’envisage d’instaurer le gouvernement, après de nombreux faits divers liés à la consommation d’alcool et de drogue au volant, comme l’affaire Pierre Palmade ou plus récemment la mort d’une fillette de 6 ans à Trappes (Yvelines). « Je réunirai un comité interministériel de la sécurité routière au mois de juillet et on aura à revenir sur les sanctions qui doivent sans doute être renforcées pour ceux qui conduisent sous l'emprise des stupéfiants », a encore assuré la Première ministre Élisabeth Borne , ce 28 mai au micro de Radio J. Mais une politique routière plus répressive entraîne-t-elle forcément une baisse de la mortalité ?
« Si on accroît les moyens pour détecter les infractions ainsi que la sévérité des sanctions, de fait, on produit des effets positifs sur l’accidentalité routière », assure Laurent Carnis, chercheur à l’université Gustave Eiffel, en région parisienne, auprès de Marianne. Pour illustrer son propos, le spécialiste du contrôle automatisé de la vitesse prend l’exemple des radars, déployés dès 2003 dans l’Hexagone. « Nous étions relativement laxistes sur le sujet avant leur mise en place. Puis le nombre de contraventions a augmenté de manière considérable et des résultats ont été constatés : jusqu’à 2011, on estime que le système a sauvé près de 15 000 vies », détaille l’universitaire, soulignant que les « très grands excès de vitesse » (plus de 50 km/h au-dessus de la limite) ont également quasiment disparu.