Des services d’urgences sont fermés la nuit par dizaines, d’autres sont contraints de trier les patients en fonction de la gravité de leurs symptômes. Conséquence des réformes qui, en vingt ans, ont rapproché le fonctionnement de l’hôpital de celui d’une entreprise… au bord du dépôt de bilan.
« Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. » Les médecins pourront-ils encore respecter le serment d’Hippocrate cet été ? En pleine crise de l’hôpital, asphyxié par la pénurie de soignants, le gouvernement a décidé de tester la régulation de l’accès aux urgences. Pour accéder à certains établissements, vous devrez appeler le Samu avant de venir aux urgences. Dans d’autres, un infirmier ou un médecin jugera à l’entrée de la pertinence de votre admission selon la gravité de vos symptômes. Le temps où chacun a accès à l’hôpital est-il révolu ? Une « nouvelle étape vers la mort du service public », fustige l’urgentiste Patrick Pelloux. Oui, mais l’hôpital est moribond, au stade de la réa. Au moins 120 services d’urgences sur les 620 établissements qui quadrillent le territoire sont en difficulté, faute de personnel. Certains doivent fermer la nuit. Le gouvernement a décidé de s’en remettre aux 41 propositions de la « mission flash » confiée à François Braun, nommé depuis ministre de la Santé pour tenter de sauver les urgences cet été. « Ces propositions ne sont que des rustines sur un pneu lacéré » fustige le Pr Bernard Granger, responsable de l’unité de psychiatrie à l’hôpital Cochin.