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"C'est un vol en direct" : après le Colorado, le Maine juge Trump "inéligible"... fureur des Républicains
Donald Trump lors d'un meeting dans le New Hampshire, le 16 décembre 2023.
AMANDA SABGA/EPA/MAXPPP

"C'est un vol en direct" : après le Colorado, le Maine juge Trump "inéligible"... fureur des Républicains

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Dix jours après que les juges du Colorado ont prononcé l’inéligibilité de Donald Trump, l'État du Maine l’a à son tour déclaré "inapte", jeudi 28 décembre, par la voix de sa secrétaire démocrate. Saisie de la question, la Cour suprême devrait avoir le dernier mot début janvier.

L’effet domino se confirme, au grand dam de Donald Trump et son équipe de campagne qui ne comptent pas en rester là. La Cour suprême du Colorado avait ouvert la voie mardi 19 décembre en déclarant inéligible l’ancien président, le Maine s’engouffre dans cette jurisprudence en l’excluant de la primaire républicaine sur son territoire. « Il n'est pas apte à la fonction de président », a considéré dans un document officiel Shenna Bellows, la secrétaire démocrate de l'État du Maine, chargée de l'organisation des élections. « Je n'arrive pas à cette conclusion à la légère », a-t-elle justifié dans sa décision de 34 pages, estimant que l'assaut du Capitole, siège du Congrès américain, le 6 janvier 2021, a été commis « sur ordre, en toute connaissance et avec le soutien du président sortant ».

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Comme le tribunal du Colorado avant elle, la secrétaire du Maine se fonde sur le 14e amendement de la Constitution américaine, lequel empêche tout individu s’étant « engagé dans une insurrection ou une rébellion » d’occuper une fonction fédérale officielle, civile ou militaire.

L’amendement fut adopté après la guerre civile pour empêcher les anciens sécessionnistes confédérés d’être réélus à la tête du pays réunifié. Ces décisions, auxquelles d’autres États pourraient emboîter le pas ces prochains jours, sont historiques dans la mesure où cette clause n'avait jamais été appliquée à un prétendant à la fonction suprême, encore moins à un ancien président.

"Tentative de vol"

Immédiatement après la publication du document, jeudi 28, l’intéressé a réagi par le biais de son équipe de campagne, pourfendant la décision prise d’après lui par « une gauchiste radicale », « ardente partisane » de Joe Biden, actuel président et très probable candidat à sa réélection en 2024, qui cristallise la hargne de son prédécesseur depuis leur duel de 2020 remporté par le démocrate. « Nous assistons en direct à une tentative de vol d'une élection et à la privation du droit de vote de l'électeur américain », a aussi dénoncé Donald Trump.

De nombreux élus républicains se sont joints à l’indignation de l’homme d'affaires. « Les électeurs du Maine devraient pouvoir décider de qui gagne l'élection, pas la secrétaire d'État », a pour sa part fustigé Susan Collins, la sénatrice républicaine du Maine, dans un post sur X (ex-Twitter), appelant à « annuler » cette décision. « Les démocrates aiment tellement la démocratie qu'ils sont prêts à tout faire pour empêcher les électeurs de voter contre leur opposant », a également accusé le sénateur texan Ted Cruz. « Cela ouvre la boîte de Pandore. Un secrétaire d'État républicain pourrait-il disqualifier Biden pour l'élection? Car il a laissé 8 millions de personnes entrer illégalement », a également abondé sur X le gouverneur de Floride Ron DeSantis, pourtant rival de Trump pour la primaire républicaine, en référence à la crise migratoire à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

Procédures engagées dans d'autres États

Selon un schéma déjà observé après l’arrêt du Colorado, le porte-parole de Donald Trump a relayé sa volonté de contester en justice la décision du Maine. Tant que la Cour suprême des États-Unis n’aura pas statué sur la question, la décision des deux États demeurera suspendue et ceux-ci seront bien obligés d’inclure le nom de Donald Trump aux bulletins de leurs primaires respectives, prévues le 5 mars. La plus haute juridiction américaine devrait se prononcer d’ici le 4 janvier, dernier délai avant que le Colorado n’imprime ses bulletins de vote pour les primaires présidentielles, et sa décision pourrait faire foi dans tous les États où de telles procédures ont été engagées contre l’ancien président.

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Contrairement à celle du Colorado et à l’État du Maine, la Cour suprême du Michigan a rejeté mercredi 27 décembre une tentative de disqualifier Donald Trump dans la course à la Maison-Blanche. Celle du Minnesota avait adopté la même position le 8 novembre.

Le rapport de force au sein de la Cour suprême, où les conservateurs sont majoritaires par six juges contre trois, apparaît comme favorable à Donald Trump, qui bénéficie même du soutien d’adversaires aux primaires républicaines, au premier rang desquels Ron DeSantis et l’ancien gouverneur du New Jersey Chris Christie, qui a défendu sa cause après la décision du Colorado. Même les démocrates redoutent l’exclusion définitive de leur ennemi désigné, tant ses partisans se radicalisent chaque fois que leur champion se trouve menacé par la prétendue cabale des élites contre lui. Quoi qu’elle dise dans les prochains jours, la Cour suprême changera la face d’une campagne présidentielle.





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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne