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Les 5 meilleurs et les 5 moins bons films de Jean Dujardin
Jean Dujardin : comment est votre blanquette ?
AFP

Les 5 meilleurs et les 5 moins bons films de Jean Dujardin

Top / flop

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Alors que sort au cinéma « Novembre », de Cédric Jimenez, « Marianne » s'est replongé dans la brillante filmographie de son acteur vedette, Jean Dujardin. Entre comédies cultes et drames d'envergure, il y avait du choix pour dresser un Top 5. Mais la tradition nous oblige aussi à distinguer le Flop 5 des moins bonnes productions… En toute subjectivité, bien sûr.

De la troupe d'humoristes Nous C Nous à l'Oscar pour The artist, d'OSS 117 à J'accuse, la carrière de Jean Dujardin est l'une des plus brillantes qui soit dans le cinéma français d'aujourd'hui. La sortie du film Novembre, consacré à la traque des terroristes des attentats du 13-Novembre, offre une bonne occasion de se plonger dans la filmographie de l'acteur, afin d'en extraire les 5 meilleures pépites… mais aussi les 5 longs-métrages les moins convaincants. Subjectivité oblige, tout le monde ne sera pas d'accord… Et c'est tant mieux.

Les tops

5. Le bruit des glaçons de Bertrand Blier (2010)

« Bonjour, je suis votre cancer. Je pense que ça serait bien qu'on fasse un petit peu connaissance. » Un matin,Albert Dupontel, costard de courtier en assurance, regard fatigué et sourire qui grimace, sonne au portail de Jean Dujardin, écrivain qui n'écrit plus et carbure au vin blanc (bien frais) depuis que sa femme l'a quitté. Le Bruit des glaçons est une comédie dramatique au sens propre du terme, qui mêle rire et tragique dans la mise en scène du funeste et pathétique pas de deux d'un homme avec la mort, rythmé par le bruit des fameux glaçons dans le seau à champagne. Dujardin est impeccable de sobriété hébétée dans le rôle de l'alcoolique et dépressif Charles Faulque ; Dupontel joue le cancer comme personne ; le tout est servi par quelques dialogues dans la pure tradition blierienne : « Un cancer ça lâche jamais la grappe, ça colle au cul. C'est comme la merde quand y a plus de papier. »

4. The artist de Michel Hazanavicius (2011)

À Hollywood, en 1927, deux trajectoires croisées. La vedette de cinéma muet George Valentin sombre dans l’oubli à l’arrivée des films parlants quand la carrière de la jeune figurante Peppy Miller va prendre le tournant inverse et faire d’elle une star. Qui attendait Jean Dujardin dans un film d’époque, en noir et blanc et muet ? Et pourtant, l'acteur y prend toute sa dimension : son sens du rythme et son expressivité permettent à The Artist de reproduire l'esprit et le style des films muets. Cerise sur le gâteau, son duo avec Bérénice Béjo, dans le rôle de Peppy Miller, fonctionne à merveille. Un classique à la gloire de l’âge d'or d’Hollywood récompensé par cinq Oscars, dont celui du meilleur acteur pour Jean Dujardin.

3. J'accuse de Roman Polanski (2019)

L’accueil de ce film a été parasité par la polémique autour de son réalisateur, Roman Polanski. Mais pas de quoi éclipser un Jean Dujardin campé dans l’uniforme et la dignité du colonel Picquart, celui qui a découvert la machination ourdie contre Alfred Dreyfus à la fin du XIXe siècle. Une prestation sobre et méticuleuse, qui souligne que la réhabilitation du capitaine Dreyfus doit beaucoup à un homme qui a eu le courage de douter, au péril de sa carrière militaire. Et confirme, au passage, que Dujardin peut se frotter sans rougir à des rôles empreints de gravité historique.

2. OSS 117 : Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius (2009)

Deuxième volet de la saga parodique et inspirée, Rio ne répond plus, a été tourné avec faste en décors naturels au Brésil, des chutes d'Iguaçu à la forêt amazonienne, en passant par le piton du Christ du Corcovado. Cette fois, Hubert Bonisseur de La Bath est chargé de récupérer à Rio un microfilm compromettant ; sa coéquipière est lieutenante-colonelle du Mossad. Peut-on rire de tout ? OSS 117 répond par l'affirmative et largue des vannes antisémites à la pelle. Toujours gaffeur, frimeur, homophobe, macho, inculte et on en passe, Jean Dujardin, naviguant d'un bal nazi à une orgie hippie, assume avec une précision au scalpel et un tempo d'enfer l'abyssale connerie de son personnage. Précédant chacune de ses répliques atterrantes d'un rire roucoulant de benêt satisfait, compensant chaque blague raciste par une blague machiste, il réussit à désamorcer toute velléité de résistance ou d'indignation politiquement correcte chez le spectateur désopilé.

1. OSS 117 : Le Caire, nid d'espion de Michel Hazanavicius (2006)

Hubert Bonisseur de la Bath est agent des services secrets français. Son matricule : OSS 117. Machiste, raciste, sûr de lui, il ne jure que par René Coty… et réussit l’exploit d’être attachant malgré tout. Envoyé en Égypte à la recherche de son coéquipier disparu, il va devoir collaborer avec Larmina, agente égyptienne jouée par Bérénice Béjo. « C'est marrant, c'est toujours les nazis qui ont le mauvais rôle. Nous sommes en 1955, Herr Bramard, on peut avoir une deuxième chance, merci. » Rythmé, absurde et loin du « politiquement correct » : le génie de Michel Hazanavicius à l’écran.

Les flops

5. OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire de Nicolas Bedos (2021)

Est-ce la loi des séries qui fait qu'une bonne franchise finit toujours par s'éroder ? Ou la réalisation de Bedos ? Toujours est-il que dans ce nouvel opus, où Jean Dujardin enfile à nouveau son costume d'Hubert Bonnisseur de la Bath – cette fois-ci confronté à l'arrrivé de la gauche au pouvoir en 1981 – on alterne face aux répliques entre sourire poli et regard consterné. Les blagues sur Mitterrand comme sur MeToo tombent systématiquement à plat et Pierre Niney, sans doute appelé à la rescousse pour rajeunir, n'y peut pas grand-chose, hélas.

4. Monuments Men de George Clooney (2014)

Plusieurs perfusions de café supplémentaires auraient dû être administrées à George Clooney pour la réalisation de ce (trop) long-métrage. Son intuition et ses intentions ne semblaient pourtant pas mauvaises. Raconter l’histoire du groupe chargé de suivre les Alliés durant la Second Guerre mondiale pour récupérer les œuvres d’art subtilisées par les nazis. Au menu un casting XXL : Matt Damon, Cate Blanchett, John Goodman, Bill Murray, George Clooney lui-même et Jean Dujardin dans le rôle d’un lieutenant français. Le résultat s’avère tiède et sans souffle. Trop ambitieux, le film nous dévoile de belles scènes de reconstitution mais l’alliage entre buddy movie et drame historique ne fonctionne définitivement pas.

3. Présidents d'Anne Fontaine (2021)

Dans « Présidents », Jean Dujardin et Grégory Gadebois campent Sarkozy et Hollande. Les deux anciens présidents, qui vivent très mal leur retraite politique, décident de s’unir pour se présenter à la prochaine élection présidentielle. Un ennui qui révèle en creux l’addiction que la politique constitue pour ces ex-chefs d’État. Ce à quoi on serait donc tenté de répondre « pourquoi pas ». Sauf que le résultat est peu satisfaisant. L’essentiel des gags repose sur la caricature de certains traits prêtés à l’un et l’autre des personnages – la nervosité et les mimiques chez Sarkozy et le côté charmeur et mollasson de Hollande – et les dialogues sont pauvres. Bien que l'interprétation soit plutôt bonne, la mise en scène paresseuse plombe l'attrait qu'on peut porter à cette histoire, qui a tout l’air d’une jolie morale.

2. Brice 3 de James Huth (2016)

Drôle d’idée que d’enfourcher à nouveau, dix ans après les premières aventures, la planche de surf de Brice de Nice. Le film pousse son délire absurde plus loin encore, en expédiant son jaune héros à Hawaï à la rencontre d’un double maléfique. Pour la blague, le film s’appelle « Brice 3 » alors qu’il n’y a jamais eu de deuxième épisode… mais c’est à se demander si Jean Dujardin et James Huth, le réalisateur, n’ont pas été frappés par la malédiction du numéro 3. Comme Les Bronzés 3 ou Les visiteurs 3, la nostalgie rime finalement avec coup de vieux, inutile de courir après nos bons souvenirs, ils nous distancent toujours. Dit autrement. : les vannes s’enchaînent mais tombent à côté, cette fois.

1. Lucky Luke de James Huth (2009)

Comme l’impression d’être projeté dans un gigantesque parc à thème où les animateurs auraient été payés pour vous rendre mal à l’aise à chaque attraction.
Dans cette adaptation de la BD belge, Jean Dujardin incarne le célèbre « Lonesome Cow » revenu dans sa ville natale de Daisy Town afin de la pacifier pour le compte du président des États-Unis, et ainsi achever la construction du rail. Le film est réalisé par James Huth, à qui l’on doit aussi Brice de Nice, et se résume à une succession de niaiseries et de grossièretés clownesques tartinées sur un scénario indigeste à faire vomir petits et grands. Le regretté Goscinny aurait probablement préféré manger le chapeau de son personnage plutôt que de permettre la confection de ce nanar.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne