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"Ogre", "Inexorable"… les meilleurs et les pires films fantastiques français
Dans "Ogre", Arnaud Malherbe met en scène une histoire fiévreuse qui flirte avec le fantastique pour mieux sonder les zones d’ombre psychologiques de ses personnages.
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"Ogre", "Inexorable"… les meilleurs et les pires films fantastiques français

Top/flop ciné

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Le cinéma fantastique et son petit frère, le cinéma d’horreur, ont longtemps été négligés par les auteurs français. Depuis quelques années, de jeunes metteurs en scène s’intéressent au genre, avec des fortunes diverses. Alors que « Ogre », de Arnaud Malherbe sort ce mercredi dans les salles, retours sur les tentatives les plus stimulantes et les plus navrantes.

TOP

5. « La nuit a dévoré le monde », de Dominique Rocher (2018)

Sam se réveille un « beau » matin dans son appartement parisien et s’aperçoit que les zombies ont envahi la ville. Serait-il le dernier humain digne de ce nom à évoluer dans la capitale ? Dominique Rocher, comme d’autres jeunes réalisateurs français, tente de revitaliser le cinéma fantastique de l’Hexagone. Influencé par l’Américain John Carpenter, il signe ici un film supérieur à la moyenne (il est vrai très basse), instaure une atmosphère troublante et dirige deux acteurs irréprochables : Anders Danielsen Lie et Golshifteh Farahani.

4. « Ogre », de Arnaud Malherbe (2022)

Chloé (Ana Girardot), une institutrice, tente de reconstruire sa vie dans un village isolé du Morvan avec son fils de 8 ans qui souffre de surdité. Sur place, elle découvre un univers inquiétant et rencontre un séduisant médecin qui cache peut-être une double identité horrifique… Dans Ogre, Arnaud Malherbe met en scène une histoire fiévreuse qui flirte avec le fantastique pour mieux sonder les zones d’ombre psychologiques de ses personnages. Résultat honorable. Sortie le 20 avril.

3. « Inexorable », de Fabrice Du Welz (2022)

Dans ce film sorti dans les salles il y a quinze jours, le Belge Fabrice Du Welz (auteur, entre autres, de Calvaire et Adoration) met en scène un écrivain en panne d’inspiration et sa riche épouse confrontés à une jeune fille énigmatique et sanguinaire. Benoît Poelvoorde et Mélanie Doutey frissonnent de concert dans cette fiction troublante sur des personnages confrontés aux zones d’ombre de leur identité familiale et à leurs mensonges.

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2. « La nuée », de Just Philippot (2020)

Peut-on concilier les codes du cinéma d’horreur, ce genre qui se distingue rarement par sa hauteur de vue, et les ambitions de la fiction sociale ? Oui, répond Just Philippot dans La nuée, un premier film qui met en scène une agricultrice prête à tout pour échapper à la spirale du surendettement, y compris en s’adonnant à des manipulations « contre-nature ». Avec ses insectes prédateurs et son héroïne prise au piège de funestes logiques économiques, Just Philippot signe un film fantastico-politique original et perturbant. Un film de genre… du genre passionnant.

1. « Les yeux sans visage », de Georges Franju (1960)

Malgré leurs louables efforts, les jeunes cinéastes d’aujourd’hui auront du mal à égaler ce chef-d’œuvre de poésie noire réalisé par le génial Georges Franju à la fin des années 50. En suivant pas à pas les aventures dérangeantes d’un chirurgien (Pierre Brasseur) obsédé par la reconstruction du visage défiguré de sa fille, le cinéaste signe un monument d’épouvante qui est aussi et surtout un grand film sur la folie. Souvent imité, jamais égalé.

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FLOP

5. « Haute Tension », de Alexandre Aja (2003)

Une étudiante préparant ses examens dans une grande maison isolée est confrontée à des événements angoissants et à des meurtres terrifiants. L’hémoglobine est à la fête dans ce film fantastique prévisible du premier au dernier plan où Cécile de France et Maïwenn jouent à nous faire peur. En vain.

4. « Trouble Every Day », de Claire Denis (2001)

L’horreur façon cinéma d’auteur cérébral… Dans ce film à la fois contemplatif et hémoglobineux sur des personnages égarés dans Paris et dans leurs fantasmes, Claire Denis jongle, si l’on ose dire, avec le vampirisme et le cannibalisme. Béatrice Dalle et Vincent Gallo incarnent les rôles principaux de ce film globalement grotesque.

3. « Teddy », de Ludovic et Zoran Boukherma (2020)

Quelque part dans les Pyrénées-Orientales, un jeune homme marginal voit son destin bouleversé quand il se fait agresser par un mystérieux animal… Le nouveau cinéma fantastique français entre frisson et humour. Malgré ses nobles intentions, le film des frères Boukherma, trop insistant, échoue sur les deux tableaux. Ni troublant, ni drôle.

2. « Titane », de Julia Ducournau (2021)

Les aventures sanguinolentes d’une serial killeuse tombée enceinte d’une bagnole… Dans cette fiction éprouvante où les outrances gores et les prétentions auteuristes avancent main dans la main Julia Ducournau assène quelques lourds « messages » rayon féminisme guerrier et apologie des identités déconstruites. Ce film prétentieux a été honoré par une palme d’or à Cannes en 2021. Hélas.

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1. « Un couteau dans le cœur », de Yann Gonzalez (2018)

Une productrice de cinéma finance des films pornos aux titres évocateurs : Fureur anale, De sperme et d’eau fraîche… Bientôt, les acteurs de ces fictions tournées au rabais sont victimes d’un tueur en série. Yann Gonzalez (Les rencontres d'après minuit) aime le cinéma de genre et le fantastique. Hélas, on touche le fond de l’horreur avec ce Couteau dans le cœur qui croule sous les outrances, les maladresses et où les acteurs (dont Vanessa Paradis) semblent se demander ce qu’ils font là. Une bonne question.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne