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Pascal Bruckner : "On assiste à un combat mondial pour le titre de paria"
"Tout le débat sur le Proche Orient est perverti par cette volonté de faire passer la couronne du martyr du peuple juif au peuple palestinien."
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Pascal Bruckner : "On assiste à un combat mondial pour le titre de paria"

Entretien

Propos recueillis par Isabelle Vogtensperger

Publié le

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Le philosophe Pascal Bruckner publie « Je souffre donc je suis » (Grasset) dans lequel il décrypte la tendance victimaire propre à notre société, où la figure du héros a progressivement été supplantée par celle de la victime. Il en fait une véritable pathologie sociale qui déresponsabilise les individus, avec des conséquences existentielles, politiques, juridiques, déterminantes, et qui jette une nouvelle lumière, selon lui, sur le conflit israélo-palestinien.

Pascal Bruckner, dans son dernier ouvrage Je souffre donc je suis (Grasset) dresse le constat d’une idéologie victimaire à laquelle s’identifient féministes, colonisés, racisés, opprimés, ségrégués de toute sorte et de tous pays, dans une surenchère préoccupante. La Shoah signe, pour le philosophe, le début d’un culte moderne porté aux victimes, que le tribunal médiatique ne cesse de mettre en scène et que les politiques exploitent sans vergogne.

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À ce jeu, chacun rivalise d’audace et de stratégie pour capter à son profit les avantages liés à ce statut de martyr, qui donne tous les droits. Cette nouvelle pathologie sociale, qui classe les individus selon leur degré de victimisation, qui inocule de la méfiance entre les sexes, nous entraîne dans une société inégalitaire dans laquelle l’écrivain se pose la question de savoir si les jeunes générations vulnérables et inquiètes seront capables d’agir, de résister face aux fracas du monde.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne