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Manifestation d'opposants devant l'ambassade de Chine à Prague.
Manifestation d'opposants devant l'ambassade de Chine à Prague.
Ondrej Deml/AP/SIPA

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Chine : l’enfer psychiatrique pour les militants des droits de l’homme

Tortures

Par Nicolas Quénel

Publié le

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Pour s’assurer de faire taire les voix dissidentes, le Parti communiste chinois envoie les activistes des droits de l’homme dans des hôpitaux psychiatriques pour qu’ils y soient torturés et qu’ils disparaissent. Le 16 août l'ONG Safeguards Defenders publiait un rapport sur cette pratique repris pas « le Monde ». « Marianne » a pu entrer en contact avec une victime de ce système, Jie Lijian. Enquête.

En Chine, depuis l’ère Mao, les opposants politiques et les activistes prennent le risque d’être enfermés dans des hôpitaux psychiatriques. Une pratique même institutionnalisée en 1988 avec la création de structures dédiées, les « Ankang ». Pendant des dizaines d’années, les fauteurs de troubles qui ont été soumis à ce système de détention arbitraire ont subi, à l’intérieur des murs de ces hôpitaux, abus et actes de torture.

En 2012 et 2013, des lois passées en Chine devaient renforcer les droits des personnes détenues et faire cesser les abus. Une décennie plus tard, un rapport publié par l’ONG Safeguard Defenders montre que cette pratique, loin d’avoir disparu, a encore cours dans la Chine de Xi Jinping .

Dans son rapport, publié le 16 août, l’ONG répertorie 99 victimes réparties dans 109 hôpitaux dans plus d’une vingtaine de provinces entre 2013 et 2021. Un chiffre qui ne représenterait que « la partie émergée de l’iceberg » selon les auteurs du rapport Yanxi Mou et Dinah Gardner. Interrogés par Marianne, ils estiment qu’il pourrait en réalité y avoir « des milliers ou des dizaines de milliers de cas ». Mais le système Ankang est si secret que « les seuls cas connus sont ceux qui sont rapportés par les victimes ou leurs familles aux médias et aux ONG. Il y en a certainement d'innombrables autres ». Même pour les « chercheurs expérimentés », le système Ankang reste un véritable « trou noir ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne