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Nos politiques prétendent reprendre le contrôle sur Bruxelles : se foutent-ils de nous ?
"C’est la première fois qu’un État affirme aussi ouvertement qu’une institution européenne a outrepassé ses compétences."
Pinel

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Nos politiques prétendent reprendre le contrôle sur Bruxelles : se foutent-ils de nous ?

Présidentielle

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À bas bruit, il y a une poussée d’euroscepticisme parmi les candidats de cette campagne présidentielle débutante. De Zemmour à Mélenchon, en passant par Montebourg, bien sûr. Mais jusqu’à Bertrand, Pécresse ou même Barnier, qu’on n’attendait pas vraiment dans ce registre. Comment expliquer un tel positionnement ? Surtout, celui-ci est-il sincère et crédible ?

L’affaire vous a peut-être échappé, coincée entre une énième outrance d’Éric Zemmour et un écharpage cacophonique chez Cyril Hanouna. Pourtant, elle surpasse en importance toutes les polémiques qui animent la petite société du spectacle présidentiel depuis plusieurs semaines. Le 7 octobre, le Tribunal constitutionnel polonais a affirmé la primauté de la Constitution de son pays sur le droit européen, dénonçant une « tentative d’ingérence » de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE). Ces dernières années, le tribunal de Luxembourg avait en effet estimé que des réformes polonaises portaient atteinte à l’indépendance des juges, qu’il s’était autorisé à contrôler en vertu des traités. La cour de Varsovie a donc rejeté cette interprétation extensive et a en même temps défendu aux tribunaux polonais de s’appuyer sur le droit européen pour faire barrage aux nouvelles procédures. « C’est la première fois qu’un État affirme aussi ouvertement qu’une institution européenne a outrepassé ses compétences. La cour de Karlsruhe a déjà été en désaccord avec la CJUE, mais a pris plus de pincettes », analyse Romain Tinière, professeur de droit à l’université Grenoble Alpes. Et le tribunal allemand n’a jamais autorisé son gouvernement à mener une politique jugée contraire aux valeurs de l’UE. Dans la foulée, la Commission européenne a vertement répliqué en affirmant la suprématie du droit communautaire, même sur les Constitutions de chaque État membre de l’UE, et la Pologne a été condamné à une astreinte de un million d'euros par jour.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne