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Plus qu’un lieu commun politique, le concept est devenu, après la victoire de Jacques Chirac de 1995 une expression populaire, reprise par les journalistes, dans « Les guignols de l’info » et même dans des morceaux de rap.
Plus qu’un lieu commun politique, le concept est devenu, après la victoire de Jacques Chirac de 1995 une expression populaire, reprise par les journalistes, dans « Les guignols de l’info » et même dans des morceaux de rap.
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"Fracture sociale" : mais d'où vient cette expression si Chirac ne l'a pas inventée ?

Série d'été - Du concept aux poncifs (2/6)

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« Fracture sociale », « archipélisation » ou « France périphérique », ces notions forgées par des intellectuels devaient décrire une réalité nouvelle. Malheureusement, elles ont échappé à leurs créateurs pour devenir des lieux communs, repris par des hommes politiques qui ne les comprennent pas toujours.

À la fin de 1994, en retard dans les sondages face à son rival Édouard Balladur, Jacques Chirac fait de la « fracture sociale » son principal thème de campagne, avec la réussite qu’on lui connaît. La paternité du concept est néanmoins incertaine. L’ex-président affirme alors que c’est Emmanuel Todd qui lui a soufflé… ce que nie l’intellectuel.

Avant l’« archipélisation » ou la « France périphérique », il y avait la « fracture sociale ». Plus qu’un lieu commun politique, le concept est devenu, après la victoire de Jacques Chirac de 1995 une expression populaire, reprise par les journalistes, dans « Les guignols de l’info » et même dans des morceaux de rap. Qui n’a pas entendu parler de cette fameuse « fracture sociale » ? Peu sont néanmoins capables de dire précisément ce que ce terme recouvre, encore moins d’en retracer l’origine. Durant sa campagne, Jacques Chirac assurait que le concept lui avait été soufflé par l’anthropologue et historien Emmanuel Todd. Pourtant, lorsque l’on interroge l’intéressé, il répond fermement : « C’est complètement faux, je n’ai jamais utilisé cette expression ! Dans ma vie, le seul concept que j’ai inventé, c’est celui de “crétins diplômés”, et je veux que ce soit marqué sur ma pierre tombale. »

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne