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Suella Braverman, ministre de l'Intérieur britannique.
Suella Braverman, ministre de l'Intérieur britannique.
Kevin Wolf/AP/SIPA

"L'immigration doit être contrôlée" : la ministre de l'Intérieur britannique fustige le multiculturalisme

Guerre culturelle

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Ce 26 septembre, la ministre de l’Intérieur britannique Suella Braverman, elle-même d'origine indienne, s'en est pris à la Convention de Genève sur les réfugiés, jugeant nécessaire de « contrôler l'immigration » face à un modèle multiculturaliste qui « a échoué ». De quoi s'attirer les foudres de l'opposition travailliste, de l'ONU et même du chanteur Elton John.

Ses déclarations ne sont pas passées inaperçues. Dans un discours délivré depuis Washington, aux États-Unis, ce 26 septembre, la ministre de l’Intérieur britannique, Suella Braverman, s’est attaquée frontalement à la Convention de Genève sur les réfugiés, qui ne serait, selon elle, pas « adaptée à notre époque moderne ». « Aucune personne entrant au Royaume-Uni par bateau depuis la France ne fuit un péril imminent », a-t-elle observé.

Mais ce n'est pas tout : la membre du gouvernement de Rishi Sunak a, par la même occasion, fustigé le modèle de société anglo-saxon. D'après elle, le multiculturalisme a tout bonnement « échoué » puisqu'il a « permis à des gens de venir » dans son pays pour y mener « des vies parallèles », plutôt que de s'intégrer. « Ce n’est pas une trahison de l’histoire de mes parents de penser que l’immigration doit être contrôlée », a-t-elle martelé, faisant allusion à ses origines indiennes.

Cheffe des « guerres culturelles britanniques »

Après ses propos intervenant à un an des élections législatives britanniques, Suella Braverman n'a pas tardé à s'attirer les foudres de l'opposition. Pour la députée travailliste Yvette Cooper, elle renonce tout simplement « à réparer le chaos causé par les conservateurs » sur le droit d’asile et cherche « quelqu’un d’autre à blâmer » avec la Convention de Genève. Sur Instagram, le chanteur Elton John s'est lui aussi dit « très inquiet » des déclarations de la ministre selon lesquelles « les discriminations envers les homosexuels et les femmes ne devraient pas être une raison suffisante » pour bénéficier du statut de réfugié.

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La ministre de l'Intérieur, déjà présentée comme la « commandante en chef des guerres culturelles britanniques » par le média américain CNN en mai dernier, a également été vivement critiquée à l'international. L’agence des Nations Unies pour les réfugiés lui a notamment rétorqué, dans un communiqué, que la Convention de Genève demeurait « la pierre angulaire du système de protection des réfugiés au niveau mondial et reste un outil qui sauve des vies ». Incarnant la ligne radicale du Parti conservateur, Suella Braverman avait dû démissionner de l'éphémère gouvernement de Liz Truss pour avoir envoyé des documents officiels avec une adresse mail personnelle. La décision de l'actuel Premier ministre, Rishi Sunak, de la renommer ministre quelques jours plus tard, avait alors beaucoup surpris. Selon Le Figaro , sa personnalité gène d'ailleurs au sein même du gouvernement, d'aucun s'attendant à ce qu'elle soit mise sur la touche en cas de remaniement.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne