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Pierre-Alype, le "député invisible" qui n'a jamais mis les pieds dans sa circonscription
Le député Pierre-Alype.
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Pierre-Alype, le "député invisible" qui n'a jamais mis les pieds dans sa circonscription

Les députés de l’extrême 6/6

Par , Écrivain, historien, maître de conférences à Sciences-Po Paris

Publié le

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Attention, on n'évoque pas ici ceux de la droite dure ou de la gauche radicale, mais ceux de l'extravagance. Jusqu'au-boutistes, ces parlementaires poussent à fond leur logique et leurs tocades. Champions de la longévité, ils battent de drôles de records.

Sans être extrémistes, ces élus du peuple sont allés aussi loin que possible dans un domaine au moins. En matière de cynisme, Pierre-Alype et François Chabot se disputent la palme.

Il siégea près de dix-sept ans à la Chambre des députés, sans jamais avoir mis les pieds dans sa circonscription… Louis Pierre Alype se faisait appeler « Pierre-Alype », avec ce trait d’union des hautes personnalités politiques qui était considéré en son temps comme une particule républicaine. Mais, pour ses électeurs, il était surtout le « député invisible », qu’on était sûr de ne jamais rencontrer.

Il faut dire que sa circonscription n’avait rien d’ordinaire : c’était celle de l’Inde française, qui réunissait les anciens comptoirs de Mahé, Yanaon, Karikal, Pondichéry et Chandernagor… Une poussière de territoires où étaient électeurs les colons français, mais aussi les natifs, quelles que soient leur religion et leur couleur de peau. L’universalisme républicain y heurtait de plein fouet l’antique système des castes, toujours vivace dans la société. Ainsi s’affrontaient un « parti français », autour du gouverneur, favorable à l’assimilation et à l’égalité juridique des habitants, et un « parti hindou » traditionaliste, dirigé par le nadou (chef) Chanemougam. Celui-ci est l’homme fort du brahmanisme local, mais aussi un fin politique, surnommé le « Louis XI noir ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne