Philosophe et ex-directeur de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (1989-1997), Yves Michaud publie « L’art, c’est bien fini. Essai sur l’hyper-esthétique et les atmosphères ». Pour celui-ci, l’esthétique est partout, entraînant, paradoxalement, une disparition de l’art.
Marianne : Votre essai met en évidence que notre monde s’esthétise, au sens où prédominent la sensation, l’expérience, l’intensité du ressenti émotionnel. Que signifient et recouvrent les concepts de votre essai, « hyper-esthétique » et « atmosphères » ?
Yves Michaud : Je fais le constat d’un changement de sensibilité, constat commencé en 2003 avec l’Art à l’état gazeux. Notre façon d’appréhender les expériences change et, par voie de conséquence, notre manière de les produire aussi. Concrètement, cela signifie dictature du design, du tourisme, du luxe, de la star-architecture. Quand tout devient affaire d’esthétique et quand la sensation et le plaisir deviennent la condition de possibilité des expériences, alors on est dans l’hyper-esthétique. Tout doit être beau, plaisant, agréable, facile, y compris la mort et l’horreur.
D’où vient ce changement de sensibilité ?