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"Small World" : avec son septième album, Metronomy change de cap !
Metronomy sort son septième album "Small World".
NurPhoto via AFP

"Small World" : avec son septième album, Metronomy change de cap !

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Par Myrim Perfetti

Publié le

Chaque samedi, la rédaction de « Marianne » partage son enthousiasme (ou pas) au sujet d'un album sélectionné parmi les sorties discographiques du moment. Cette semaine, « Small World », septième album du groupe Metronomy.

Vingt ans après leur premier album Pip Paine, Metronomy, le quintette britannique électro emmené par Joseph Mount continue de bousculer la pop de ses pépites synthétiques et planantes, alors que bon nombre de formations qu’il a côtoyé à ses débuts se sont perdues en chemin ou ont raccroché les gants.

La récente réédition de leur troisième album, « The English Riviera », chef-d’œuvre de suavité paru en 2011, que Mount qualifia lui-même de « rencontre entre Daft Punk et les Eagles », montre à quel point ils continuent à influencer durablement le paysage musical. La sortie l’année dernière de Posse, sur lequel le leader de Metronomy avait réuni quelques jeunes révélations de la scène anglaise, tels Pinty et Biig Piig, avaient laissé pensé que sa formation, parfois engluée dans un trop-plein de nostalgie, comme en avait témoigné leur Metronomy Forever édité en 2019, s’engagerait dans de nouvelles orientations.

C’est chose faite avec l’efficace et joyeux Small World, disque au format resserré, 35 minutes pour 9 chansons, où les synthétiseurs sont moins présents et les guitares et le piano plus utilisés qu’autrefois. Il faut dire que le confinement est passé par là. Et que Joseph Mount, qui a longtemps vécu à Paris, est reparti s’installer dans la riante campagne anglaise avec femme et enfants pour composer.

La pochette de ce septième album donne le ton : une photo prise par sa mère Kate dans les années 1990 offre un bout de jardin en fleurs et la calme surface d’un lac du Devon, où Joseph a passé son adolescence. Finies, les couleurs fluo et acidulées, la nature reprendre ses droits, la simplicité, aussi. Et malgré deux titres enlevés en forme de méthode Coué – l’ironique Things Will Be Fine, avec sa guitare acoustique et sa batterie légère, et le très Scissors’s Sisters It’s Good To Be Back et son rythme caribéen –, on sent poindre les questionnements existentiels et l’incertitude de notre monde.

Introspections douloureuses

Mais ce Small World parle définitivement plus de sensations et de sentiments que de cérébralité. Tant mieux ! Si le premier morceau Life And Death annonce, sur fond de piano réverbérant et de chant en forme de confidence, l’angoisse du temps qui passe – « I Was Fun, What I Did/ Got A Job, Had Some kids/ See you In The Abyss » (« C’était amusant, ce que j’ai fait/ J’ai eu un travail, des enfants/Rendez-vous dans l’abîme ») –, il est suivi par le nirvanesque Loneliness On The Run, soutenu par la basse profonde de Olugbenda Adelekan, et par I Lost My Mind, qui lorgne tranquillement vers le folk californien de Neil Young et les compositions country du groupe américain Wilco. Une façon fraîche et délicate de témoigner de ces introspections douloureuses.

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Puis, enfin, sur la douce ballade I Have Seen Enough, le morceau final de ce disque apaisé, célébrant le retour aux plaisirs ordinaires de l’existence : « We Can Pick The Fruit In Autumn/We Can Turn The Ground In Spring/ And I’ll Watch Another Sunset By Your Side/And Together We Will Sing/ I’ve Seen Enough/But I Can’t Look Away » (« On peut cueillir des fruits en automne/On peut retourner le sol au printemps/Et je regarderai un autre coucher de soleil à tes côtés/ Et ensemble nous chanterons/J’en ai assez vu/Mais je ne veux pas détourner le regard »). « Rien n’est facile affirme Joseph Mount. Mais les gens trouveront toujours l’envie de rendre les choses merveilleuses et d’apprécier la vie ».

Metronomy, Small World, Because Music

En concert le 1er avril à la Laiterie de Strasbourg, le 4 avril au Zénith de Lille, le 5 avril au Liberté de Rennes, le 6 avril au Zénith de Paris, le 8 avril au Zénith de Montpellier, et en tournée européenne jusqu’au 10 août.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne